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11-12 octobre 2018 : Colloque "L’Amérique latine d’aujourd’hui : Quelles politiques économiques et sociales"

par David Pareyt - publié le , mis à jour le

Les 11 et 12 octobre 2018 à l’Université Le Havre Normandie

Résumé

La période de prospérité économique qu’a vécu l’Amérique Latine entre 2004 et 2013 a permis la mise en place de politiques sociales et on a assisté à un recul de la pauvreté, particulièrement en Amérique du Sud. Des pays comme l’Uruguay ont réduit leur pauvreté entre 2004 et 2013 de 20.9% à 5.7%, le Brésil de 38.7% en 2003 à 18% en 2013, le Pérou de 54.7% en 2001 à 23.9% en 2013, le Chili de 20.2% en 1999 à 7.8% en 2013, la Colombie de 49.7% en 2002 à 30.7% en 2013 et le Vénézuéla de 48.6% en 2002 à 32,1% en 2013. Parallèlement, on a pu observer dans ces mêmes pays une augmentation de la classe moyenne. Si le bilan de cette décennie est plus contrasté pour l’Amérique centrale, l’émergence d’une contestation de grande ampleur dans des pays tels que le Honduras ou le Guatemala pour protester contre la corruption de leurs politiques laissent supposer un renforcement de la société civile.

Malgré tout, la région est toujours une des plus inégales au monde et depuis 2014, la diminution de la pauvreté stagne et a même empiré à cause du ralentissement de la croissance dû principalement à l’effondrement des prix des matières premières, le Vénézuéla représentant le cas le plus tragique de cette dépendance des économies latino-américaine au cours des matières premières. En 2014 la Banque Mondiale pointait l’inégalité comme une des causes du ralentissement du développement économique de l’Amérique Latine et conseillait aux pays de la région d’adopter des politiques fiscales redistributives et de garantir l’accès aux produits de base pour continuer à croître. Dans son dernier rapport, la Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL/ Nations Unies, 2017) prévoit une croissance économique de 2% dans la région pour 2018, grâce au dynamisme du Mexique, du Brésil de la Colombie et de l’Argentine, à l’augmentation du commerce à l’échelle mondiale et de la remontée des prix des matières premières exportées (due en grande partie à l’augmentation de la dépense militaire des Etats Unis qui requiert pour cela des métaux tels que le cuivre, le plomb et le zinc). En outre, par rapport à 2017, il y aura un plus grand apport de l’investissement étranger dans les manufactures des économies dominantes, les énergies renouvelables du Pérou, Brésil, Chili et Mexique, l’exploitation minière de métaux et autres ressources naturelles dans plusieurs pays de la zone andine et amazonienne, ainsi que dans le tourisme en Amérique Centrale. Toutefois, ce rapport alerte les gouvernements sur la nécessité d’une rapide transition dans le domaine des technologies. La CEPAL pointe le retard de la région dans ce domaine et rappelle qu’il faut prendre le train en marche de la révolution des matériaux, de la nanotechnologie, de la biotechnologie et de la technologie digitale.

Néanmoins, on est toujours en droit de se demander à quel point les gouvernements latino-américains connectent croissance économique avec bien-être et justice sociale. L’augmentation du recouvrement fiscal et de la capacité de dépense des gouvernements est-elle accompagnée d’une bonne gestion des ressources en vue d’une meilleure qualité de vie des citoyen.n.es en termes d’accès à la santé, à l’éducation et au logement (y compris eau et électricité) ? De plus, si croissance signifie production plus élevée, donc création d’emploi, comment expliquer que le taux de chômage urbain ait été de 9,4% en 2017 ? (CEPAL, 2017). A cela nous ajouterons que dans les pays latino-américains où s’appliquent des politiques néolibérales, l’industrie minière et d’extraction d’autres ressources naturelles telles que le bois de construction, sont entre les mains de multinationales dont les intérêts sont protégés et défendus par l’État du pays où ils investissent. Cela se produit à travers une forte répression policière et militaire contre les citoyen.n.es qui s’organisent collectivement pour empêcher une telle extraction - comme cela s’est produit à Cajamarca (Pérou) - à cause de la disparition de lagunes naturelles, de la confiscation des terres habitées par les communautés paysannes autochtones, et de la contamination des eaux qui provoque des maladies graves chez les enfants et les adultes, mais aussi chez les animaux appartenant à ces communautés.

Le Brésil, suivi du Pérou, sont les pays les plus dangereux d’Amérique Latine pour les populations indigènes qui défendent leurs terres et environnement. Depuis le 31 août 2016, date à laquelle la présidente Dilma Roussef a été destituée sans base légale, 76 personnes ont été assassinées en Amazonie brésilienne en raison de conflits concernant l’occupation des terres (Comissão Pastoral da Terra (CPT) & Rede Eclesial Pan-Amazônica (REPAM), 2017). Entre 2002 et 2014, 57 personnes ont été tuées au Pérou, où 80% de ces assassinats se produisent dans le secteur de l’industrie minière, avec 40 morts en une décennie, alors qu’entre 2012 et 2014, 5 hommes de la tribu Ashaninka ont été tués en Amazonie péruvienne pour avoir voulu stopper la déforestation illégale (Global Witness, 2014). De la même manière, en 2014, un indigène de la tribu Shuar en Équateur, a perdu la vie pour s’être opposé à l’exploitation d’or et de cuivre. Il faut signaler que face à cette situation, les multinationales canadiennes, nord-américaines et européennes vendent leurs entreprises à des transnationales chinoises dont les investissements augmentent dans la région. Par ailleurs, les forces de sécurité gouvernementales jouissent de toute impunité en cas d’usage de la violence contre des civils fondamentalement pacifiques.

Ces guerres asymétriques entre sociétés civiles humiliées et États qui se préoccupent - malgré un discours officiel de protection de l’environnement - de défendre les intérêts des multinationales au détriment des ressources naturelles et des populations les plus pauvres d’Amérique Latine, correspond à un ordre néolibéral et à une colonialité du pouvoir (Quijano, 2007) où la croissance économique ne sert point le bien-être social, et où les élites économiques et politiques travaillent de concert avec le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale pour réduire le rôle de l’Etat.

Ceci se manifeste également dans le secteur de la santé, de l’éducation et de l’emploi, ce qui implique par ailleurs une féminisation de la pauvreté, les femmes étant les plus affectées. Les conflits sociaux abondent dans la région, et des mouvements sociaux émergent dans les milieux paysan, indigène, étudiant et ouvrier. Dans des sociétés post-conflit comme la Colombie et le Pérou, et dans celles qui ont connu des dictatures militaires soutenues par les États-Unis dans les années 1960-1970, comme le Chili, le Brésil et l’Argentine, ces mouvements sociaux sont criminalisés par les forces étatiques et les moyens de communication dominants. De la même manière, dans des pays à l’économie dynamique comme par exemple le Mexique, la criminalisation de la contestation sociale atteint un niveau très élevé de violence de la part de l’État, comme dans le cas du massacre et de la disparition de 43 étudiants de Ayotzinapa en 2014. Dans ce sens, nous verrons aussi comment s’articulent les supposés processus de paix et de réconciliation, avec la mise en œuvre de politiques néolibérales.

Nous nous intéresserons également aux pays de la “vague rose” comme la Bolivie, le Vénézuéla et l’Équateur - qui ont voulu proposer une alternative au néolibéralisme et faire front à l’hégémonie des États-Unis - et à leur capacité à joindre développement économique et social dans le cadre d’une économie post-capitaliste.

Comité scientifique :

Susana Bleil (Université du Havre)
Daniel Ricardo Castelan (Universidade Federal de Santa Catarina, Brésil)
Anouk Guiné (Université du Havre)
Roxana de Filippis (Université du Havre)
Ramón Grosfoguel (Université de Berkeley, USA)
Lissell Quiroz (Université de Rouen)
Nadia Tahir (Université de Caen)
Emmanuele Carvalheira de Maupeou (Université de Rouen)

Comité d’organisation :
Anouk Guiné
Hélène Rabaey
Susana Bleil
Nadia Tahir
Cindy Cevallos (Université de Cadix)
Roxana de Filippis
Lissell Quiroz


Contact : helene.rabaey@univ-lehavre.fr